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De Cagliostro à l’Ange bleu — L’hypnose : de la Dépression à la trépanation

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De Cagliostro à l’Ange bleu

L’HYPNOSE : DE LA DEPRESSION

A LA TREPANATION 

Par Richard Sünder

L’Histoire de l’hypnose remonte aux Sumériens (-4000). Ils ont décrit dans leurs tablettes les méthodes de l’hypnose. De nos jours, beaucoup parlent de l’hypnose, comme s’il s’agissait d’une technique qui permet d’endormir les patients, c’est-à-dire de les plonger dans le sommeil. Que, sous hypnose, la conscience du sujet soit différente de ce qu’elle est dans la veille, c’est évident. Que le sujet sous hypnose passe en partie sous le contrôle de l’hypnotiseur, c’est certain. On peut donc classer la transe hypnotique parmi les « états modifiés de conscience ». Les dictionnaires et les encyclopédies n’y manquent pas. Toutefois l’hypnose effraie bien des gens parce que la littérature et la filmographie policières en ont fait un instrument de manipulation qui permettrait de soumettre l’individu, voire les foules à la volonté d’un seul — détenteur du mystérieux et inquiétant pouvoir hypnotique.

Mabuse et Moriarty

font la réputation

néfaste de l’hypnose

Ce qui nous ramène — comme le réalisateur des « western » en noir et blanc, John Ford — au combat éternel du bien et du mal. Eh oui, plus les chaînes de télévision sont nombreuses et quadrillent la planète, plus les films qui mettent en scène les personnages créés par Sir Arthur Conan Doyle — Sherlock Holmes et son ennemi juré, le professeur Moriarty —, reviennent éternellement en boucle sur nos écrans. Tout comme les personnages de Friz Lang, tel le Docteur Mabuse, dans Metropolis. Et même jusqu’au héros d’Agatha Christie, Hercule Poirot, qui, pour résoudre une énigme, utilisera une fois l’hypnose. Des universitaires, spécialisés dans le roman policier, soutiennent qu’Agatha Christie elle-même utilisait l’hypnose pour écrire, ce qui fait penser à André Breton et aux surréalistes qui utilisaient l’écriture automatique, en se mettant dans un état quasi-hypnotique.

Bien entendu, Mabuse et Moriarty utilisent tous deux l’hypnose, comme un effrayant pouvoir qui leur permet de soumettre absolument à leur volonté les individus de leur choix. Bien que le nom même de Mabuse soit double et ambigu : il se prononce mabouzeu en allemand mais — ce qui est sans doute plus clair et évident — il se lit, en français, m’abuse, comme pour en dévoiler le sens, que révèle également le film, Dr. Mabuse der Spieler (Dr Mabuse, le joueur), de 1922. Le plus fascinant dans les films de Fritz Lang, c’est qu’ils dépeignaient, dès le début des années Vingt, peu après la défaite de 1918, l’Allemagne souterraine, en gestation, qui allait naître. Mabuse fascinait les Allemands, notamment, l’un d’eux, le caporal-estafette de la Première Guerre mondiale, blessé, aveugle et délirant sur son lit d’hôpital à l’annonce de la capitulation… Adolf Hitler qui allait devenir le maître du Reich. Hitler, devenu chancelier, en 1933, Gœbbels avait vainement demandé à Fritz Lang de devenir le réalisateur officiel du cinéma allemand.

La vision prophétique

des films de Fritz Lang

inspirée par sa femme

Fritz Lang avait préféré se séparer de sa femme, la scénariste Thea von Harbou, afin de s’expatrier plus facilement et discrètement en France. C’est elle qui avait inspiré la vision prophétique des films de Lang, son mari, qui montrait l’Allemagne en décomposition et qui allait donner naissance, à partir de l’Allemagne souterraine des sombres arrière-salles de café, à l’Allemagne nazie, notamment dans Metropolis, 1926, et M. le Maudit 1931. Mais aussi dans la déchéance du professeur Rath incarné par l’inoubliable Emil Jannings dans l’Ange bleu, de Josef von Sternberg, 1930. Fritz Lang, se gardant prudemment de refuser cette promotion de « cinéaste officiel du Reich » nazi, avait préféré s’expatrier à Paris, en 1933.

Il devait y tourner, en 1934, un film étrange, surréaliste, Liliom, avant de gagner les Etats-Unis, sur l’invitation du producteur David. O. Selznick, venu sur les lieux du tournage, qui l’engageait à la Metro-Goldwyn-Mayer. Liliom, incarné par Charles Boyer, est un mauvais garçon, fainéant à la dérive, grand séducteur qui plaît aux femmes. Il séduit une innocente et naïve petite bonne, Julie Boulard. C’est le grand amour… elle tombe enceinte ! Peu soucieux de devoir entretenir la mère et son enfant, Liliom se suicide pour échapper à la police. Celle des hommes, bien sûr, mais il n’échappe pas à celle, évidemment surréaliste, des cieux. Le voici enlevé jusqu’à l’Hôtel de police qui est l’antichambre du Paradis, comme dans le film de Lubitsch, Le Ciel peut attendre (Heaven can wait) 1943. Condamné, par la justice céleste, à seize ans de purgatoire, il obtient de retourner sur Terre pour s’occuper de son  enfant.

Subjugué par la puissance du Verbe

le caporal-estafette découvre

dans le Tunnel sous l’Atlantique

la vision hallucinée de son propre destin

Quant à l’honneur de devenir cinéaste officiel de l’Allemagne nazie, c’est à Leni Riefenstahl qu’il devait échoir. Hitler ne s’était pas trompé : le célèbre film Triumph des Willens (Le Triomphe de la volonté) 1934, était, selon certains, un « documentaire grandiose qui révèle à la fois tout l’esthétisme et la grandiloquence cinématographique de Riefenstahl et constitue l’un des plus grands documentaires de propagande jamais réalisés ». Il faut alors rappeler que le cinéma est encore muet, en 1919, et que la radiophonie — « la T.S.F. », téléphonie sans fil — ne va apparaître qu’entre 1907 et 1920. C’est en voyant le film de Kurt Bernhard, Der Tunnel (Le Tunnel), en 1920, que Hitler, peintre clochard, est littéralement sidéré, subjugué et fasciné par le verbe, la parole, comme s’il venait de voir son futur destin. Dans la version française du film, Jean Gabin joue le rôle de l’ingénieur, chargé de creuser un tunnel sous l’Atlantique, en dépit des campagnes et des sabotages organisés par les compagnies maritimes et aériennes qui redoutent la concurrence. L’ingénieur souterrain galvanise ses troupes par ses discours et achève le tunnel ! En sortant du cinéma, comme le dira son voisin de lit Hanisch — tous deux hôtes de l’asile de nuit de la Meldemannstrasse, la rue de … l’estafette qu’avait été, durant la guerre,  le caporal — Hitler était dément, passant d’un état de transe hystérique à la prostration et retour, comme s’il venait d’être foudroyé par la puissance du verbe ! Chose d’autant plus stupéfiante que le film était… muet !

Il est vrai que les films peuvent faire rêver et que le rêve, dans le sommeil paradoxal, est la voie royale qui mène à l’inconscient. Leni Rifenstahl avait achevé son premier film, deux ans plus tôt, intitulé La Lumière bleue (Das blaue Licht), y tenant le premier rôle, sans éclipser, bien sûr, Marlene Dietrich, héroïne dans l’Ange [également] bleu de Josef von Sternberg, 1930 ! C’est Emil Jannings, véritablement saisissant, qui éclipsait Lili Marlene dans ce film ! La présence de Dietrich était surtout due à sa plastique, très appréciée de Sternberg. Sans doute les cuisses rondement enveloppées de Marlene ne seraient-elles pas, aujourd’hui, du goût des jambes-allumettes des jeunes filles — à l’ombre en fleur ou pas — qui évoquent Buchenwald ou Dachau, plutôt que la taverne de l’Ange Bleu. Le professeur Rath y avait également succombé… tout comme ses élèves.

Le plus surprenant est que La Lumière bleue prenait la défense des faibles, appelant à la tolérance et au respect d’autrui et qu’il fut couronné du Lion d’argent à la Mostra de Venise. A l’évidence il y avait là de quoi certainement séduire Hitler et Gœbbels, son ministre de la propagande ! Le talent de Riefenstahl était tel qu’il devait aussi bien appeler à l’intolérance, au mépris des faibles sans qu’il en coûte au Reich, qui se féliciterait, comme il est de mode aujourd’hui, d’avoir eu Riefenstahl à bas prix, à low cost avec, par-dessus le marché, l’holocauste des misérables !

La lumière favorite du nazisme, pour organiser l’insécurité sociale n’était pas le bleu, palsambleu !  mais… le noir uniforme de la SS et la flamme des torches éclairant la nuit les autodafés des œuvres de Freud, de Robert Musil et de Stefan Zweig. A ne pas confondre avec la Sécurité Sociale. Il est vrai que Leni Riefenstahl était fascinée par Hitler et ses discours qui semblaient littéralement hypnotiser les foules germaniques qui n’avaient en tête qu’un besoin de revanche, après la désastreuse et honteuse capitulation de 1918, et l’effondrement de l’Allemagne. En dépit de Charlemagne, empereur allemand pour les Allemands, empereur français pour les Français, dont le palais était à Aix-la-Chapelle (Aachen, en allemand, ville de Rhénanie du nord-Westphalie), et non pas à Aix-les-Bains, en France ! Les Francs étaient un peuple germanique et sûrement pas gaulois. Quant aux Gaulois, ils n’étaient certainement pas les Barbares qu’a dépeint Jules César dans sa Guerre des Gaules.

Les effets de l’hypnose

sont temporaires :

ils ne durent pas

Pour ramener le public à une plus juste vision de la vraie nature de l’hypnose, je dois dire que faire de l’hypnose est à la portée de tout le monde ou presque et que, comme on va le voir, si elle peut galvaniser les foules, il y a bien des limites au pouvoir de l’hypnotiseur. J’ai moi-même utilisé l’hypnose en psychothérapie. Non pas, certes, pour faire disparaître un symptôme, ce qui est possible. Mais les effets de l’hypnose sont temporaires. Ils ne durent pas. Après trois mois, tout est à refaire. Le seul moyen de faire disparaître un symptôme, c’est d’éliminer sa cause. Or, comme l’a rappelé le Pr Yves Agid, dans l’émission d’Antenne 2, « Savoir Plus Santé », le 17 février 2001 : « On ne connaît les causes d’aucune maladie ! » Conclusion : le discours de ceux qui prétendent les guérir par la médecine conventionnelle  relève du boniment (au sens exact de ce terme) ! Ainsi, bien entendu, que du boni… menteur ! La cause des maladies, c’est un conflit que seule l’anamnèse peut découvrir, comme l’a démontré le docteur Georg Groddeck, « psychanalyste [heureusement] dissident »,  inventeur de la psychosomatique ou — terme plus moderne qu’il n’utilisait pas — la psychobiologie.

Freud est célèbre pour l’échec de ses thérapies. Il n’empêche que le maître aussi bien que ses premiers disciples savaient que les effets de l’hypnose sont éphémères, en dépit des effets du père qu’il désespère. Freud avait fait ses premières thérapies en utilisant l’hypnose. Charcot à la Pitié-Salpêtrière l’avait lui-même utilisée, avant Freud qui suivait ses cours et qui l’admirait. Charcot l’avait même réhabilitée comme sujet d’étude scientifique, obligeant l’Académie de médecine à la reconnaître et à cesser de la condamner en la qualifiant de « magnétisme animal » et de pratique de charlatan ! Allusion à Mesmer et à son baquet.

Ce succès de Charcot, contraignant l’Académie à baisser pavillon, avait beaucoup étonné Pierre Janet (1859-1947), philosophe devenu médecin et psychothérapeute, rendu célèbre par son cours sur « l’Amour et la Haine » donné au Collège de France et accueilli par Charcot, dans son service de la Salpêtrière. Mais, bien vite, Freud et les premiers psychanalystes avaient abandonné la thérapie sous hypnose. Avaient-ils compris que seule l’anamnèse, à l’état conscient, du patient peut lui faire lâcher le conflit qu’il a somatisé dans l’organe correspondant audit conflit. C’est peu probable, puisque c’est à Georg Groddeck qu’on la doit, ainsi qu’à Henri Laborit, qui, longtemps avant Ryke Geerd Hamer, l’avait écrit, en toutes lettres, dans son ouvrage « L’Inhibition de l’action » (Masson éditeur). En revanche, c’est bel et bien Hamer qui l’a établie sur des bases scientifiques grâce au scanneur qui n’existait pas à l’époque des précurseurs.

« Vingt mille lieues sous les mers »

l’hypnose rafraîchit la mémoire

J’avais vu — au milieu des années Quatre-vingts, à l’occasion d’un salon de parapsychologie — Erich Lancaster, dans une émission de télévision, placer en état d’hypnose une compagnie de trente ou quarante personnes. Un spécialiste de la contradiction  — qui se faisait fort de démontrer la supercherie — était alors apparu sur la scène en courant, hurlant comme un dément : « Au feu ! Au feu ! Au feu ! » Aucune des personnes allongées sur la scène, en transe hypnotique, n’avait bronché. Pas plus que le pompier de service éveillé dans la coulisse, qui n’avait pas appelé de renfort. Aucune d’elles n’était sortie de l’état hypnotique, ignorant l’alerte au feu ! Seul l’hystérique histrion continuait de hurler et de gesticuler vainement, sans inquiéter personne, hormis lui-même, et, faute de braises, constatant son échec,  de faire halte au feu ! Le lendemain au Salon de parapsychologie, j’avais revu Erich Lancaster — dont j’avais fait la connaissance — mettre en état d’hypnose un bataillon de visiteurs.

Je m’étais dit que, s’il pouvait le faire, il n’y avait aucune raison que je ne le fasse pas moi-même. Non pas, certes, sur un bataillon mais sur un patient. A la première séance de psychothérapie que je fais avec un nouveau sujet, je lui demande quels sont les livres, les films ou les souvenirs qui l’ont le plus frappé et je note, au cours de la séance de deux heures, tout ce qui se dit d’important afin d’en fixer la mémoire — copie du compte rendu au patient. Non sans lui avoir demandé d’en faire lui-même un compte rendu, après chaque séance, pour la séance suivante, afin de voir ce qu’il en a retenu et ce qu’il a « oublié ». La démonstration de Lancaster tombait bien ! Le lendemain, je recevais un jeune homme auquel je demande quels sont les livres, les films et le souvenir qui l’ont le plus frappé.  Il me répond : « Vingt mille lieues sous les mers. » « Avez-vous lu le livre ? » « Non. » « Avez-vous vu le film ? » « Non. » « Mais qu’est-ce donc qui vous a frappé dans ce titre ? » « Je ne sais pas ! » J’insiste. Impossible d’obtenir une explication ! Je lui dis alors que je vais le mettre sous hypnose — évitant les mots de « transe hypnotique » pour ne pas l’inquiéter — afin de lui rafraîchir la mémoire.

Inconscient

mémoire, hologramme

vidéons et Védas

Il y a différentes manières de mettre un  sujet en état d’hypnose. Les novices — c’était mon cas, puisque c’était la première fois que je me risquais à cette pratique — demandent au sujet de s’asseoir sur une table ou un matelas en position assise sans aucun appui dans le dos. Ce qui facilite la suggestion, lorsque l’hypnotiseur lui  dit : « Vous êtes tout à fait détendu, vous sentez que vos membres sont pesants, de plus en lourds, vous sentez une force irrésistible qui vous tire en arrière, vous partez en arrière, laissez-vous aller sans crainte, mes mains vont vous guider, vous les sentez, vous êtes de plus en plus lourd, de plus en plus pesant, vous éprouvez une profonde sensation de bien-être, vous vous endormez…Vous n’entendez plus aucun bruit, vous n’entendez plus que ma voix. Vous dormez et vous allez me le confirmer en levant le petit doigt de votre main droite. » Droite, certes, mais il n’est pas interdit d’utiliser celui de la main gauche.

Si le petit doigt ne se lève pas, vous poursuivez le discours jusqu’à ce qu’il se lève. En l’occurrence, le jeune homme avait levé le petit doigt. « Très bien ! Vous êtes profondément endormi. Vous vous sentez détendu et confiant. Vous éprouvez une très profonde sensation de bien-être. Pourquoi le titre de l’ouvrage de Jules Verne, Vingt mille lieues sous les mers, que vous n’avez  pas lu et dont vous ne savez rien, vous a–t-il frappé ? » « Parce qu’il me fait penser à ma mère qui m’écrase. » Ah !… Eh oui, la pression de l’océan ou de la mer peut faire éclater la coque des sous-marins même nucléaires. La mer  —  marine ou océanique  — a toujours été symbolique de la mère… maternelle. Tout comme l’arbre ou l’obélisque — et non pas l’odalisque du tableau d’Ingres — de nature phallique est le symbole masculin du père ou de l’homme. Ce qui était donc bien clair, c’est la pesanteur d’une mère abusive qui avait frappé le jeune homme dans ce titre qu’il avait inconsciemment associé à sa mère.

Comme il craignait sa mère, il ne voulait pas l’accuser, ni même la mettre en cause. Raison pour laquelle il avait choisi — à son insu parce que la suggestion venait de l’inconscient, comme pour le cycliste Richard Virenque, voire le vainqueur tricheur américain de plusieurs tours de France, Lance Armstrong —  la métaphore subtile du livre de Jules Verne. Mais, non moins subtil, l’inconscient, qui la lui avait suggérée, semblait bien savoir ce qu’il faisait, comme s’il savait ce qu’il en adviendrait. A l’état conscient, le sujet en ignorait la raison inconsciente. Mais la transe hypnotique lui avait immédiatement donné la réponse.

Ce titre était bel et bien un signe pansémiotique de l’inconscient qui avait codé le souvenir dans la mémoire vidéonique de ce garçon qui, mis en transe hypnotique, l’avait aussitôt décodé. La mémoire vidéonique est la mémoire des vidéons. Les vidéons, auxquels le philosophe Gilles Deleuze s’intéressait beaucoup, sont les plus petits points physiques de l’espace-temps, mis en évidence logique par le philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein, dans son Tractatus logico-philosophicus. C’est dans ces points que se grave, sous forme holographique (les ondes électromagnétiques étant des lasers), la mémoire de l’Histoire du Cosmos, conforme à l’Idée de Hegel, et analogue à la mémoire akashique des Védas. Quoi que puissent en dire les cuistres, qui récusent l’inconscient à Caen, d’où partent les cars pour Caen et même chez Lacan, quand partent-ils, quand ils sont chargés de la mémoire de Raymond Devos.

Inconscient et Conscient

pulsion de conscience

et pulsion d’inconscience

Cet exemple montre clairement que la pulsion d’inconscience est bien le produit de la conscience et que, dialectiquement, la pulsion de conscience est le produit de l’Inconscient. Rien de plus logique : l’inconscient n’a qu’un projet et qu’un désir (inconscient, bien sûr, donc une pulsion) : devenir conscient. Hegel dit que c’est le projet même du Cosmos. Quant à la conscience, elle a souvent beaucoup à cacher d’où son désir de silence. Comme le montre cet exemple, l’hypnose peut jouer un rôle, voire être essentielle dans une anamnèse. Mais tondre le gazon à ras peut supprimer le symptôme tant que la racine n’a pas eu le temps de le faire repousser. Mais, avec un peu de patience, le gazon repousse et le symptôme réapparaît, aussi longtemps qu’on n’a pas supprimé la racine. Supprimer la racine, c’est bel et bien supprimer la cause du gazon. C’est là précisément l’objet de l’anamnèse — qui permet le rétablissement de la mémoire.

Une jeune fille de dix-neuf ans était  venue me voir parce qu’elle souffrait de dépression et de spasmophilie depuis six ans. Elle faisait régulièrement trois crises de spasmophilie par semaine. Aucune médecine, aucun traitement n’en était venu à bout. Bien entendu, la transe hypnotique les faisait momentanément disparaître, ce qui soulageait la jeune fille. Mais ça ne les empêchait pas de revenir… Deux ou trois semaines plus tard. Après trois mois d’analyse — la jeune fille ayant fait à l’état d’éveil son  anamnèse — elle en avait identifié la cause —, la dépression avait disparu.

Je précise que la dépression et l’alcoolisme disparaissent, en général, après une anamnèse de trois mois, voire moins. Seule persistait la spasmophilie, dont les crises étaient pourtant moins fréquentes. Je lui propose de lui faire des séances d’hypnose. Elle accepte. Au bout de trois séances, la spasmophilie avait disparu. Mais, si l’hypnose y avait contribué, en créant un climat favorable, c’est bien l’anamnèse — c’est-à-dire la prise de conscience à l’état d’éveil du sujet — du conflit qui en était la cause, qui avait été décisive. En l’occurrence conflit de crainte de perdre son territoire et conflit de séparation.

C’est par l’hypnose que Freud avait été conduit à la découverte de l’inconscientdas Unbewuszt — lorsqu’il suivait le cours de Charcot à l’Hôpital de la Salpêtrière. Charcot y traitait l’hystérie par l’hypnose. Pour Freud, il était évident que l’hypnose était une voie d’accès à l’inconscient, même s’il n’avait pas eu connaissance de l’exemple du décodage de Vingt mille lieues sous les mers. Néanmoins, Freud et ses premiers disciples s’étaient vite aperçu que les résultats obtenus sous hypnose n’étaient pas stables, ils avaient une durée limitée.

Une patiente de Freud, Elisabeth von R., lui avait imposé de l’écouter. C’est cette femme qui est donc à l’origine de la méthode d’écoute freudienne des associations d’idées. On constate que les psychanalyses qui consistent à prêter l’oreille au patient durent des années, quand ce n’est pas la vie entière — un psychanalyste avait proposé à une patiente, venue me voir, une analyse à vie ! mais sans vis-à-vis puisqu’il passait le plus clair de son temps dans le bureau de sa secrétaire ou à répondre au téléphone, sachant que la patiente n’avait rien à lui dire. On peut dire que leur succès et leur utilité sont alors problématiques. Raison pour laquelle j’ai préféré la psychothérapie psychosomatique de Groddeck ou la psychobiologie qui consiste à rechercher les événements bouleversants de l’existence du sujet.

Le Verbe absolu

parole de Dieu

et parole du Diable

Le seul reproche que l’on peut faire à l’anamnèse psychosomatique ou psychobiologique, c’est qu’elle ne résout pas le conflit absolu qui est à l’origine de toutes nos angoisses : l’angoisse essentielle et néantielle de la mort. Les Eglises ne le résolvent pas davantage dans la mesure où elles ne proposent — pour résoudre cette angoisse de la mort — que la foi ! Ce qui ne résout rien pour ceux qui n’ont pas la foi, aussi bien que pour ceux qui l’ont eue mais qui, comme moi, l’ont perdue. Ce fut, en effet, mon cas, entre douze et quatorze ans. L’aumônier du lycée de Reims m’avait accusé d’orgueil… non pas satanique mais… luciférien ! Lucifer ! l’Ange de lumière qui s’empare de la puissance divine ! Pareille accusation marque un adolescent de douze ou quatorze ans pour la vie ! C’est probablement ce qui m’a conduit, sans le savoir, à bâtir le modèle géométrique de l’Arithmétique — laquelle, étant infinie, est le Verbe absolu : donc le langage même du Créateur. Quant au modèle, ce n’était que le tardif travail du deuil de ma grand-mère, que je n’ai fait que quinze ans près sa mort. Je n’étais, certes, pas très précoce et j’avais — c’est le moins qu’on puisse dire — l’intelligence plutôt lente.

Autre inconvénient des diverses solutions religieuses, c’est que toutes les Eglises — à la seule exception peut-être du bouddhisme, mais est-ce une Eglise ? — prétendent toutes être chacune la seule à détenir la parole de Dieu, à l’exclusion de toutes les autres qui ne détiennent alors… que la parole divisée de Dieu — qui est l’Unité absolue. Quant à la division du Verbe absolu qui est bien  la parole de Dieu, elle est alors le Symbole absolu divisé en diaboles. C’est la diabolisation du Verbe par le Diable ! C’est là ce qui fut la cause des croisades… On les croyait finies. Mais elles sont bien revenues sous forme de boomerang djihadiste. Comme je suis respectueux de toutes les Eglises et que je crois ce qu’elles disent, force est de constater qu’elles ont toutes raison et que, par conséquent, chacune d’elles porte la parole de Dieu quand toutes les autres portent la parole, divisée, donc diabolisée, de Dieu en parole du… Diable ! En douter serait mettre en doute la validité même de leur parole. Ce qu’à Dieu ne plaise,  je me garderai de faire.

Quelle est la cause

et la source

de tous nos conflits ?

Dieu, terme latin Deus qui vient du grec Zeus, fils de Chronos, fils d’Ouranos, émasculé par son propre fils Chronos, à l’aide d’une faucille mais sans marteau (qui sera réservé à Marx), le dieu du Temps et des chronomètres, évoque déjà les dieux fort divisés et pluriels de l’Olympe, qui ressemblent bien davantage aux hommes — qui se prennent tous pour Dieu —, parce qu’ils sont divisés, donc diabolisés. Tous sont bien le fil même — c’est-à-dire la filiation — de Dieu  mais le fil incarné, physique, rompu et divisé, à chaque naissance, comme l’ombilic des limbes. La Théogonie d’Hésiode sépare l’univers des dieux — l’Olympe — de l’univers des hommes. Bien entendu les dieux de l’Olympe, quoique vivant sous la houlette de Zeus, ressemblent terriblement aux hommes, puisqu’ils sont… divisés, donc diabolisés.

Mais les dieux sont trop bien élevés pour se colleter entre eux. Dieu merci, c’est le cas de le dire, ils ont, sous la main, les hommes, boucs émissaires, sur lesquels ils projettent leurs passions et, bien entendu, les conflits qu’elles suscitent. Charge aux hommes de les régler entre eux, en se colletant comme des chiffonniers. Et même de dangereux guerriers comme le montre Homère dans la Guerre de Troie.

Or Dieu ou, pour mieux dire, l’Être — unitaire, donc absolu, est l’unité absolue, donc l’UN absolu. Lequel unifie en lui, son propre contraire, le Néant ou l’Infini vide inversé en NU. Eh oui, si l’Être absolument uni, en l’UN, qui est le Plein infini — de densité infinie —, absolu, n’unifiait pas son propre contraire, c’est-à-dire sa division en diaboles, donc en Vide néantiel absolu, l’Infini vide — de densité zéro —, qui est bien son inversion en NU,  dépouillée de tout vêtement, par sa vacuité absolue, aussi nue que la vérité, dans le puits sans fond ni fin ni confins, il ne serait pas Tout — autre absolu —, y compris le Rien ! Le Rien serait exclu ! Il lui manquerait quelque chose et il ne serait donc pas l’Absolu !  L’Être absolu implique en lui-même, dans l’unité absolue, le Néant, sa propre néantisation en Infini vide ! Être et Néant ne font qu’un dans l’Arithmétique où ils sont le Zéro — absolument fini et infiniment plein (densité et température infinies selon la solution des équations d’Einstein par Robertson et par Walker « avant » (entre guillemets car, à vitesse infinie, donc nulle,  tout est simultané) que le Cosmos physique n’apparaisse — et l’Infini — absolument infini et vide — unifiés ! Bref  l’Onto-Néantologie, solution du conflit de l’angoisse absolue : l’Être-Néant unifié. La contradiction absolue est résolue : Être et Néant ne font qu’un

Je suis la sève héritée
Je suis la sévérité
Même en songe et vérité
Mes mensonges, c’est vérité.

Ces vers stupéfiants de Jean Cocteau évoquent à la fois Moustaki, qui vient de mourir — d’un cancer, dit-on sans jamais préciser lequel —, et le célèbre aphorisme ou le paradoxe d’Eubulide. Si l’on ne sort pas du point d’observation — le système de coordonnées — purement médical et biologique, on se trouve confronté au paradoxe du menteur d’Eubulide que voici : « Ulysse, qui est crétois, dit : “Tous les Crétois sont des menteurs.” Dit-il vrai, dit-il faux ? » Si tous les Crétois sont des menteurs, Ulysse, étant crétois, ment. Donc tous les Crétois ne sont pas des menteurs. Si tous les Crétois ne sont pas des menteurs, Ulysse, étant crétois, dit vrai. Donc tous les Crétois sont des menteurs. Mais, si tous les Crétois sont des menteurs, Ulysse, étant crétois, ment. Donc tous les Crétois ne sont pas des menteurs, etc. Il est impossible de savoir si Ulysse dit vrai ou faux : le paradoxe est réputé sans solution.

Il est, en effet, sans solution, aussi longtemps qu’on reste enfermé dans le système clos de la Crète et de ses lois — en particulier la loi qui dit que « tous les Crétois sont des menteurs ». On tourne alors en rond dans le système clos de la Crète sans trouver d’issue, tout comme on tourne en rond dans un ruban de papier verrouillé sans torsion. La solution, c’est le ruban de Möbius. Si l’on verrouille le ruban de papier avec torsion — en tordant l’une des deux extrémités avant de les coller —, en ruban de Möbius, alors on peut sortir du système clos. Pourquoi ? Parce que, tout clos qu’il est, le ruban reste aussi ouvert : la torsion permet d’en sortir. Faites l’essai avec un doigt. Suivez le bord intérieur du ruban, parvenu à la torsion, votre doigt sort du ruban ! Il suffit donc, pour résoudre le paradoxe, de faire sortir Ulysse du système clos de la Crète et de ses lois et de l’expédier en mer de Libye, à Cythère, à Sparte ou ailleurs, où il ne sera plus soumis à la loi crétoise selon laquelle « tous les Crétois sont des menteurs ». Selon ce qu’il dira alors, Ulysse, n’étant plus soumis aux lois de la Crète, dira vrai. Ce qui montre que les logiciens n’ont pas le cerveau assez tordu — ce qui est pourtant le cas des hémisphères spiralés du néocortex : aucun d’eux n’a trouvé la solution. Pas même le grand Kurt Gödel. Il est resté aussi court que son prénom (en allemand kurt signifie court).

Notons que c’est exactement ce qu’a fait Einstein  avec la Relativité générale, nouvelle loi de la gravitation — dans laquelle il a omis la lévitation — qui objectivait le point de vue de l’observateur, quel que soit son point d’observation et sa vitesse, en accélération ou en décélération. Son observation ne dépendait plus de l’endroit où il observait : il restait objectif !

De l’hypnose de Charcot

à l’écoute des associations d’idées

qu’une patiente impose à Freud

Curieusement, l’hypnose, tel un serpent de mer, devait être remise à la mode — sans susciter l’enthousiasme — par le Dr Chertok, à la fin des années Soixante-dix, puis, plus récemment, sous forme de « la Nouvelle Hypnose », qui semblait susciter un regain d’intérêt chez des praticiens. Est-elle plus efficace que l’hypnose traditionnelle ? La « Nouvelle Hypnose » vient de l’hypnose ericksonnienne. Elle a été introduite en 1992 par le Dr Jean Godin. C’t avec du vieux qu’on fait du neuf comme disait le duc d’Elbeuf — par la voix de Jacques Brel. Ce que je n’ignore pas, c’est que seule l’anamnèse, à ma connaissance (mais je ne suis pas le seul), résout le problème de l’efficacité durable. La cause du conflit ne dépend plus de la mémoire oubliée ou effacée puisque l’anamnèse a rétabli, sinon toute la mémoire, au moins celle qui causait le conflit… et, en l’occurrence, la spasmophilie. Ce qui, en revanche, est certain, c’est que l’hypnose n’est pas la solution de l’angoisse essentielle qui est le fondement de toutes nos angoisses : l’angoisse de la mort. Laquelle ne peut être résolue, comme le disait Nietzsche, que par l’Eternel Retour. Encore faut-il qu’il soit à l’identique — ce qui est le cas chez Nietzsche —, faute de quoi la cosmogenèse n’aurait aucun sens. Nietzsche suppose chaque nouveau cycle identique, sans le démontrer.

Selon le modèle du physicien Martin Bojowald, l’Eternel Retour n’est pas à l’identique, parce qu’il y a une perte d’information à chaque nouveau cycle. Quant au modèle géométrique de l’Arithmétique, il démontre que la quantité d’information est toujours la même, à chaque nouveau cycle. Bojowald n’a pas trouvé la solution que fournit l’Arithmétique. Le système cosmique, selon son modèle, serait alors exclusivement aléatoire — ce qui est impossible, puisque le Cosmos, où nous sommes contient du déterminisme. S’il n’était qu’aléatoire, il serait absolument incohérent et totalement absurde. Tout comme les prétendues « fluctuations aléatoires du Vide quantique ».

 Le Pr Robert Vallée, ancien maître de conférences en mathématiques à l’Ecole Polytechnique (Paris), fondateur du Cercle d’études cybernétiques, président Louis de Broglie, Président  de l’Organisation mondiale de Systémique et de Cybernétique (World Organisation of Systems and Cybernetics, WOSC, fondateur J. Rose), m’a confirmé, « l’intérêt de [mon] entité Zéro-Infini », qui est la solution du Théorème d’incomplétude de Gödel et qui permet l’économie des « fluctuations quantiques aléatoires du Vide », plaisanterie pour garçons de bains, auxquelles s’est récemment rallié Stephen Hawking.

C’est par l’hypnose que Freud devait être conduit à la découverte de l’inconscient. Il avait été l’élève, à la Salpêtrière, de Charcot qui traitait l’hystérie par l’hypnose. L’idée que cette technique était une évidente voie d’accès à l’inconscient devait s’imposer à lui et c’est sous hypnose qu’il devait conduire ses premières analyses. Mais, s’étant bientôt aperçu que les résultats qu’il obtenait ainsi n’étaient pas stables, il devait finir par renoncer à l’hypnose et par pratiquer ses cures à l’état d’éveil, laissant au patient la liberté de ses associations d’idées.

C’est avec raison qu’il avait abandonné l’hypnose comme moyen de conduire l’analyse. Le patient, en effet, conserve mieux en mémoire les découvertes qu’il fait, lui-même,  éveillé. Conformément à la maïeutique de Socrate. Mais peut-être ne fallait-il pas l’exclure absolument. L’hypnose, en effet, peut être utilisée efficacement dans trois cas précis : elle peut aider à retrouver un souvenir ou une explication quand l’analyse éveillée n’y parvient pas ; elle peut servir de tranquillisant ; enfin elle peut guérir certaines maladies d’origine nerveuse quand la médecine classique n’y parvient pas, sous réserve qu’elle soit précédée d’une brève psychothérapie. En voici d’autres exemples.

Hypnose et respiration

profonde contre le stress

la tension et la tachycardie

Un vendredi de juin, un étudiant me téléphone, bouleversé, en pleine dépression. « Mes examens commencent lundi, me dit-il. Dans l’état d’angoisse où je me trouve, je vais tout rater ! » Il est presque en larmes. Je le fais venir sur le champ et lui fais une séance d’hypnose d’une heure, au cours de laquelle je le tranquillise et l’assure qu’il réussira ses examens sans difficultés. Après la séance, il est parfaitement détendu, toute angoisse dissoute. Plus de nouvelles de lui quand, trois semaines plus tard, il me téléphone, enchanté. Il a réussi tous ses examens à la seule exception d’une UV mineure qu’il repassera en septembre, bronzé par les UV solaires — avec succès. Telles sont les raisons pour lesquelles on peut utiliser, le cas échéant, l’hypnose, non pas pour l’analyse même mais en complément, soit pour tranquilliser le patient, soit pour lui permettre de retrouver un souvenir particulier, soit comme curatif dans le cas de maladies somatiques d’origine évidemment nerveuse, comme la dépression.

J’ai eu une patiente qui se trouvait dans un état de tension nerveuse extrême. Elle avait fait une chute d’une trentaine de mètres dans une falaise rocheuse au bord de mer, à l’âge de quatorze ans. Sa colonne vertébrale était en « vrille », selon son expression et, bien entendu, elle était depuis une quarantaine d’années en fauteuil roulant. Elle faisait de la tachycardie. Jusqu’à « cent crises par jour, m’avait-elle dit, et parfois la crise pouvait durer près de deux heures ». Je lui avais dit que la respiration profonde pouvait lui être utile pour se calmer. Il se trouve qu’à l’époque où je bâtissais le modèle géométrique de l’Arithmétique j’avais un numéro de téléphone qui, manque de chance, à un chiffre près, était celui de SOS suicide.

Les désespérés, en état d’extrême tension, se trompent parfois en composant un numéro de téléphone. C’est pourquoi j’avais assez souvent des candidats au suicide qui m’appelaient, visiblement stressés et oppressés. Les premières fois, je leur disais qu’ils s’étaient trompés en composant le numéro. Ils répondaient, dans une bouffée d’angoisse, que ça n’avait pas d’importance, qu’il fallait que je les écoute. Ils étaient en état de stress intense, oppressés, parfois en pleurs, j’avais vite compris que ce n’était pas la peine de leur dire qu’ils se trompaient, je les écoutais. C’est eux qui m’ont appris ou confirmé l’importance de la respiration profonde pour calmer l’oppression qu’ils ressentaient et dissiper le stress. Je leur demandais de faire trois ou quatre minutes de respiration profonde en leur disant que ça allait les calmer. Bien entendu je leur disais : « Inspirez lentement, profondément, à fond et maintenant expirez lentement profondément etc. » Je sentais qu’ils se calmaient. Je leur demandais s’ils se sentaient mieux et, chaque fois, ils me confirmaient que oui et je les écoutais. Ce que je croyais être une malchance était  en vérité une bénédiction ! Eh oui, l’Inconscient est capable de produire des bénédictions mais aussi… des malédictions.

La patiente dont je parle était dans un état bien plus tendu et oppressé. Elle vivait avec sa mère  qui était la cause de sa tachycardie. Je lui avais appris à faire de la respiration profonde — elle pouvait en faire chez elle, pour maîtriser ses crises. Mais, bien entendu, j’avais pris l’habitude d’utiliser l’hypnose pour tenter de diminuer ses crises quand elle venait me voir. Non sans succès puisqu’à la fin, elle ne faisait plus que quatre ou cinq crises dans le mois, puis deux ou trois.

L’hypnose détend l’esprit

et permet de capter

l’attention du sujet

L’hypnose n’est en rien l’inconscience qui accompagne le sommeil profond et non paradoxal qui est celui du rêve. Tout au contraire, les sujets sont entièrement conscients, comme on l’a vu avec l’étudiant qui ne savait pas pourquoi le titre du roman de Jules Verne — Vingt mille lieues sous les mers — l’avait tant frappé. En 1955, la British Medical Association avait défini l’hypnose de la manière suivante : « un état passager d’attention modifiée chez le sujet, qui peut être produit par une autre personne et dans lequel différents phénomènes peuvent apparaître spontanément, ou en réponse à différents stimuli verbaux ou autres. Ces phénomènes comprennent un changement dans la conscience et la mémoire, une susceptibilité accrue à la suggestion et l’apparition chez le sujet de réponses et d’idées qui ne lui sont pas familières dans son état d’esprit habituel. En outre, des phénomènes comme l’anesthésie, la paralysie, la rigidité musculaire et des modifications vasomotrices, peuvent être, dans l’état hypnotique, produits et supprimés.


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